Billet simple pour l'Alaska

Un roman de Jean Forteroche

Diégèse et univers fictif : comment ne pas perdre le lecteur ?

Je discutais de mon roman avec un ami grand amateur de l’imaginaire sous toutes ses formes, et au cours de la discussion, il m’a posé une question qui peut sembler simple, mais qui est bien plus profonde qu’il n’y parait. Est-ce qu’on a le droit d’utiliser des mots qui existent dans notre dictionnaire mais qui ont une origine historique qui nous est propre, et donc qui ne font pas partie de la diégèse du monde fictif ? (note : “diégèse” renvoie à l’univers fictif de l’œuvre, toute l’histoire, toute la mythologie de l’univers et les références culturelles internes à l’œuvre) Pour expliciter sa question, il a pris en exemple une phrase de dialogue de mon roman, dans laquelle je parlais de “partir en croisade”. Nous avons débattu de cette question et je vous propose ma réflexion à ce sujet, une question que l’on doit se poser à tout moment lorsqu’on crée un nouvel univers imaginaire. Selon moi, il y a deux manières de l’envisager. Un univers entièrement fictif… Dans cette hypothèse, on pousse la logique à l’extrême, et on cherche à supprimer absolument toutes les références au vrai monde. Cela ne se limite pas à éviter les références culturelles et historiques comme “saoul comme un polonais”, mais bien à supprimer TOUTES les traces de notre civilisation dans l’écriture. On serait donc obligé de supprimer toutes les images, toutes les métaphores du langage, toutes les expressions… Je ne parle pas que des expressions anachroniques (comme “appuyer sur le champignon”), mais aussi de celles qui nous semblent banales aujourd’hui, et qui ont été inventées par un auteur, et portent une histoire, une trace de notre civilisation. Même le système métrique (ou impérial) pour les descriptions serait à proscrire. En fait, en plus de créer un univers, il faudrait recréer toute une symbolique, tout un système de valeurs, de mythes, de traditions, une histoire entière… A part les termes les plus génériques, tout devrait être réinventé. Certains auteurs ont fait ce choix ; dans la saga du secret de Ji par exemple, de Pierre Grimbert, le système de mesures est inventé, et l’auteur a créé des dizaines d’expressions et de proverbes basés sur des animaux imaginaires. Cette méthode a l’avantage de renforcer l’immersion dans le monde imaginaire, mais elle présente certains défauts.

le 2019-01-23 23:29:32
Auteur : Forteroche

Commentaires:

Cosmos
Super, j’ai juste une question, quel est l »intérêt pour un blogueur d’avoir les commentaire activé, mis à part les interaction sur son blog, qui peuvent devenir nocives si elles ne sont pas contrôlés ? Je vous demande parce que j’ai observé un fort taux de rebond sur mon blog (80%) et je n’arrive pas à le baisser. J’ai pourtant fais en sorte de n’avoir aucune publicité nocives et de le simplifier au maximum pour aider mes lecteurs.
le 2019-03-06 16:46:06

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